Dans les pays où la loi religieuse
s'impose à l'espace public, ce ne sont pas seulement les minorités
religieuses qui sont les plus brimées ou les plus enfermées ,
ce sont bien souvent les femmes qui perdent leurs libertés : la
liberté de se montrer, celle exercer le pouvoir et même de voter,
celle de conduire, de travailler, de sortir de chez elle...
Si aujourd'hui n'importe quel
individu, venait sur un plateau de télévision et expliquait qu'il
refuse de serrer la main de quelqu'un sous prétexte qu'il est noir,
que c'est un arabe ou un juif, la république entière serait
horrifiée. La ligue des droits de l'homme et les associations
antiracistes déposeraient plainte devant les tribunaux.
L'indignation serait générale et justifiée.
Mais, sur le plateau du grand journal
le 24 janvier dernier, quand Idriss Sihamedi qui se définit lui même
comme un « musulman normal » déclare qu'il ne serre pas
la main au femme et cela devant la ministre de l'éducation, là,
tout est différent. C'est son choix, c'est sa tradition, c'est son
droit ! Après tout, la république n'est-elle pas là pour
garantir à tous de s'exprimer et d'agir dans le respect de ses
traditions ?
Permettre que suivant telle ou telle
religion les femmes deviennent des sous-individus, c'est mettre un
frein ou même un terme à une prodigieuse espérance. Depuis
maintenant plus d'un siècle, les femmes se sont battues pour
acquérir un à un les droits qui tendent à les mettre aujourd'hui à
égalité avec les hommes. Accepter le recul de l'égalité
homme-femme, c'est engager un repli de la liberté des femmes.
C'est pour cela aussi (et peut être
même aujourd'hui d'abord) que la laïcité est si importante. La
laïcité est un combat et pas seulement une tolérance comme
certains voudraient nous la montrer. Elle est aujourd’hui comme
hier un formidable possible vers l'émancipation des femmes brimées
ou formatées par leurs rites ou leurs traditions.
V. Causse